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Impromptu

pour violon et piano

mardi 28 décembre 2010, par Valentin.

Voici une petite pièce de quelques pages pour violon et piano, assez expressive et sans grandes difficultés techniques.

Cette pièce d’envergure très modeste a été écrite en 2004 et n’a jamais été créée.

Impromptu pour violon et piano
Licence CC-by-sa © Valentin Villenave, 2004-2010

Historique.

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J’ai rédigé cette partition par un matin de mai 2004, quasiment d’une seule traite — rare privilège, sans lequel j’aurais très certainement, comme tant de fois, été rattrapé par le découragement avant de la mener à bien.

Gagnant ma vie comme accompagnateur-à-tout-faire un peu partout en région parisienne, j’avais récemment effectué quelques heures d’accompagnement au conservatoire du Perreux-sur-Marne. Dans la classe de violon de Claire Couic (si mes souvenirs sont bons), j’avais notamment découvert une petite pièce de Jean Sibelius pour violon et piano (je n’ai pu retrouver quel était exactement l’opus, mais il me semble que c’était un Intermezzo).

Les beaux jours revenaient, et je pouvais enfin rentrer chez moi avant la tombée du jour, prendre mon temps en attendant le bus 317 et marcher dans les rues sans avoir à fuir la pluie, la nuit et le froid. C’est précisément sur le chemin du retour que j’ai commencé à réfléchir à cette pièce, et à prendre quelques notes. La pièce que je voulais écrire était assez semblable à cette petite pièce de Sibelius que je venais d’accompagner : simple et limpide, brève mais très expressive.

Même si j’ai veillé à ne pas requérir un niveau technique élevé (pour maintenir cette pièce à la portée, disons, d’un élève de milieu de deuxième cycle — encore que je m’y perde un peu dans les classifications successives), je n’ai pas voulu voir cette pièce comme un exercice de « répertoire pédagogique »1. En un mot, j’ai juste tenté d’imaginer une musique que j’aurais moi-même aimé jouer ou écouter... puis j’ai essayé de l’écrire.

Description.

[Cliquez pour déplier.]

Avertissement : comme toujours, les quelques indications qui suivent ne sont livrées qu’à titre de curiosité, et ne sont pas nécessaires à la compréhension de la partition !

Construction

Cette pièce est composée de 39 mesures à 7/4, formant trois carrures de sept mesures encadrées par deux carrures de neuf mesures. Même si j’aime toujours jouer avec les nombres (en particulier les nombres impairs), je ne crois pas avoir cherché de dimension symbolique — l’explication la plus probable, et la plus prosaïque, était que 39 mesures remplissaient remarquablement bien les quatre pages de papier à musique que j’avais à ma disposition !

Pour ceux qui aiment ça, je pourrais mentionner que l’endroit où le violon atteint pour la première fois sa note la plus aiguë (mi), qui est également le point culminant de la partie de piano, mesure 24, correspond à peu près au nombre d’or par rapport à l’ensemble de la pièce. En d’autres termes,

 \frac {39}{24} = 1,625 \approx 1.6180339... = \frac {1 + \sqrt{5}}{2} = \phi

C’est sans doute plus ou moins délibéré (encore que je ne me souviens pas avoir eu de calculette sous la main le jour où je l’ai écrit), mais plus par facétie qu’autre chose : si vous regardez bien la construction de la pièce, il a beaucoup de montées, plusieurs endroits-clés et il n’y a pas vraiment de raison de s’intéresser à celui-là plutôt qu’un autre. Du reste, j’ai montré ici-même qu’en cherchant bien, on peut toujours trouver du nombre d’or à peu près n’importe où.

Écriture rythmique

La pièce fait appel à des rythmes très simples : principalement des noires et croches. On rencontre peu à peu, surtout dans la partie de violon, des rythmes plus compliqués2, ce qui permet de prendre le temps de s’installer dans le tempo (répertoire pédagogique ou pas, je me soucie beaucoup du confort des instrumentistes !).

Le tempo est scandé par des noires répétées3, ce qui est le moyen le plus simple de donner une sensation de mouvement et de progression. En cela, on peut clairement trouver un aspect minimaliste dans cette pièce — ou bien en conclure, légitimement du reste, que son auteur ne s’est pas donné beaucoup de peine :D

Écriture harmonique

Comme à peu près tout ce que j’ai écrit jusqu’ici, cette pièce est marquée par mon propre conflit vis-à-vis du langage tonal. Outre la pièce de Jean Sibelius que j’évoquais plus haut, j’avais à cette époque accompagné le Concerto pour violoncelle de Chostakovitch, et j’avais été frappé de voir combien des « briques de construction » du langage tonal pouvaient être réordonnées d’une façon incroyablement moderne (d’ailleurs la tierce majeure <do mi> au début de l’accompagnement, n’est pas sans rappeler le <mib sol> des violons au début de ce concerto).

Que faire, par exemple, de ce si bémol qui se mélange à la tierce majeure que j’évoquais : s’agit-il d’une appogiature, qui se résoudrait sur l’accord de la mineur ?

Ou bien d’une septième de dominante, qui se résoudrait alors en fa majeur ?

Ou encore, d’une résolution en re mineur ?

... Au fond, peu importe : au bout d’un moment, toutes ces harmonies se fondent en une espèce de bouillie trame sonore abrutissante hypnotique... et la magie opère (enfin, c’était l’idée). Ne me faites pas dire que je prétends ici réinventer la roue : tous ces mécanismes sont archi-archi-rebattus et ont été utilisés maintes fois au long des trois derniers siècles.

Juste un mot, pour finir, sur cet accord4 (qui d’ailleurs n’apparaît pas tel quel dans la pièce) :

En 2003, j’avais sympathisé avec un violoncelliste du nom de Clément Biehler, qui écrivait dans un style émaillé d’harmonies de ce type (un peu à la Astor Piazzolla). De lui, je n’ai entendu en tout et pour tout qu’une seule pièce (Norfolk, très attachante et que je pourrais encore aujourd’hui réécrire de mémoire). J’ai été assez durablement marqué par ce style très séduisant (je l’utilise un peu dans mon opéra, notamment dans le trio « Brûlons ça », etc. du deuxième acte). Même si j’ai perdu contact avec lui par la suite, il a poursuivi une carrière très honorable et, à en croire mon ami Google, il est aujourd’hui professeur au Conservatoire de Metz. Clément, si tu passes par ici...

Bonne lecture !
Valentin.


[1Il est, de ce fait, très possible que cette pièce soit d’une utilité très limitée pour l’apprentissage du violon (ou du piano) : trop difficile ou au contraire pas assez technique, trop courte ou pas assez exigeante...

[2En particulier la mesure 29, qui était originellement écrite très simplement en double-croches... jusqu’à ce que je me rende compte que j’avais mis un temps de trop ! :-)

[3Le piano est censé utiliser abondamment de la pédale, comme l’indique implicitement la ponctuation qui combine détachés et liaisons.

[4Je sais, cela ressemble aux premières notes du thème de Indiana Jones — mais ce n’était pas mon propos :-)

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